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mardi 15 juin 2010

Le naufrage de la Boudeuse

C’est l’histoire d’un fier et beau trois-mâts, d’une goélette hollandaise presque centenaire aux allures de la marine d’antan. Née en 1916, à une époque où la révolution industrielle avait déjà amenée les coques en acier mais pas encore trouvée mieux que le vent pour naviguer, ce bateau magnifique n’était pourtant au départ qu’un navire de commerce. Un de ces utilitaires des mers qui cabotait de villes en villes, remontant les fleuves grâce à son faible tirant d’eau et qui emportait dans ses cales les marchandises de tous les jours.

Ce navire aurait tout aussi bien pu se faire rattraper définitivement par la modernité et finir dépecé au fond d’un bras de mer anonyme. Obsolète, vendu au poids du métal... Effectivement il aurait pu.

Oui mais voilà, le destin en a décidé autrement. D’abord navire école pour la marine suédoise pendant une soixantaine d’année, la goélette fut rachetée en 2003 par le passionné Francis Franceschi qui la rénova entièrement et lui donna un nouveau nom et une nouvelle mission :
La Boudeuse, en hommage au bateau de Bougainville, devint alors une monture dédiée à l’exploration et à la pédagogie environnementale. Après un tour du monde consacré à la découverte « des Peuples de l’eau » qui fut couronné de succès et fit l’objet de nombreux reportages et documentaire (notamment diffusés sur France 5), la Boudeuse revînt en France pour se faire bichonner et se préparer à repartir...

Nous étions en 2007 et l’heure était au Grenelle de la Mer... Cette supercherie inventer pour calmer les écolos qui votent à droite comme à gauche du moment que quelqu’un fait semblant de les écouter. Le Ministre Borloo s’appuya alors sur la Boudeuse pour sa communication, allant même jusqu’à lui signer une « lettre de mission » comme le fit en  son temps le Roi de France auprès de Bougainville... Sa mission, baptisée officiellement TERRE-OCEAN du Grenelle de la Mer : Repartir sur les flots en emportant à son bord des scientifiques chargés de faire le point autour de trois thèmes majeurs, le développement durable, le dialogue des cultures et la biodiversité.

Et ils sont partis... Fin 2009, en direction du bassin amazonien.

Quelques mois plus tard la nouvelle tombe sous la forme d’un communiqué laconique :

« Hier, 1er juin 2010 à minuit, il a été officiellement mis fin à la mission TERRE-OCEAN du Grenelle de la Mer effectuée par le trois-mâts d’exploration La Boudeuse, capitaine Patrice Franceschi.
Cette décision intervient au vu de l’épuisement définitif de tout financement public ou privé pour la poursuite de la mission.
A la même heure, La Boudeuse a achevé sa participation à l’armada des grands voiliers traditionnels sud-américains rassemblés dans le port de Caracas au Venezuela pour commémorer le bicentenaire de l’indépendance des pays d’Amérique latine. Avec l’Ambassadeur de France, l’équipage et son capitaine ont délivré le message d’amitié de la France aux capitaines des navires représentant leurs nations respectives.
Ce matin 2 juin à l’aube, La Boudeuse a quitté Caracas pour un dernier voyage vers les Antilles françaises à deux jours de mer. Le navire y sera mis en vente dès son arrivée afin de permettre le remboursement des dettes contractées pour la réalisation de la première partie de la mission. »

Voilà, c’est fini. La Boudeuse se retrouve sacrifiée sur l’autel des promesses non tenues, de la crise et de la quête de profits.
Entre un gouvernement qui s’était engagé à soutenir les dépenses courantes du voyage et qui n’a toujours pas versé un sou et une banque, BNP-Paribas, qui choisit de privilégier ses traders (500 millions d’euros) plutôt que de lâcher les 500 000 euros nécessaires à la poursuite de la mission, la Boudeuse se retrouve sur le carreau et son capitaine obligé de la vendre...

C’est une honte, une véritable forfaiture.

Mais tout n’est cependant pas perdu. Les amoureux de la Boudeuse ont décidé de se battre pour elle et on créé pour se faire un site dédié ainsi qu’un groupe Facebook... Une pétition circule que je vous engage à signer.
Je crois sincèrement qu’il faut que nous fassions notre possible pour permettre à la Boudeuse de continuer son chemin, car ce bateau était en passe de devenir un peu comme la Calypso en son temps... Une invitation au rêve, mais aussi un support pédagogique et écologique de premier ordre.

Et puis, la Boudeuse c’est elle qui m’a inspiré le nom de mon futur bateau à moi... Sans elle, la Boiteuse se serait appelée autrement.