Je voulais vous dire…


Un blog qui parle de politique, de social, d'environnement... De la vie quoi!


samedi 25 octobre 2008

La parenthèse valaisanne

Aujourd’hui, je vais vous raconter une bien jolie histoire.
Il était une fois un site internet d’information. C’était, et c’est toujours, un site sympa, intelligent, qui propose plein de vidéos de reportages, d’interviews, toutes plus ou moins intéressantes, mais permettant toujours de se poser les bonnes questions. Comme sur la plupart des sites de ce genre, chaque article ouvre un espace à ses lecteurs-téléspectateurs pour que ceux-ci puissent commenter à loisir ce qu’ils lisent et ce qu’ils voient. Ah ! Croyez-moi, ça y va dans les commentaires ! On y trouve de tout ! Les opinions et les idées politiques s’y affrontent comme dans une arène. Le gauchiste trotskiste y côtoie le nationaliste identitaire, le ségoléniste se heurte au centriste et au communiste (révolutionnaire ou pas). Le vieux soixante-huitard discute avec le bobo, le chômeur rmiste avec le retraité… Bref, c’est un melting-pot de notre société française. De temps en temps ça dérape un peu, mais l’un dans l’autre un dialogue s’engage, parfois stérile, parfois productif, toujours informatif…
Le fait est que sur ce site, on s’y sent bien. Tellement bien que certains commentateurs y ont leurs habitudes ! Ils s’y sont installés bien au chaud, formant ainsi une espèce de noyau dur. Il suffit qu’une voix cesse de s’exprimer pendant quelque temps, pour que les autres s’interrogent, voir s’inquiètent… Bref, au fil du temps, comme dans la vie, des affinités se créent, et c’est normal. C’est humain.

Un beau jour, quelqu’un proposa que, puisque nous nous entendions si bien par clavier interposé, ce serait sympa de se rencontrer pour de vrai… Et pour ce faire, quoi de mieux comme occasion que de profiter des vendanges de la vigne à Farinet ?
Nous étions le 10 mai lorsque l’idée fut lancée. D’une simple hypothèse, cette idée se transforma en proposition, puis en projet concret… Bon an mal an, on réussit à se contacter via nos boites mail respectives ou par l’intermédiaire de ce blog, et à organiser ce qui s’avéra être une migration.
Car ce ne fut pas facile ! Chacun habitait dans son coin de France. Chacun avait ses contingences, familiales ou professionnelles… Il y eut des désistements et des ralliements. On organisa des covoiturages, on fit des réservations pour l’hébergement… Petit à petit les choses se sont mises en place, et nous y sommes arrivés !
On s’est retrouvé huit inconnus dans un coin inconnus de tous, ou presque. Huit humains d’horizons différents, de régions différentes. Chacun avec son histoire, son vécu, sa sensibilité.

Alors bien sûr, je crois que nous avions tous une petite appréhension. Nous étions dans le possible, le probable, mais cependant nous allions vers l’inconnu. Et l’inconnu effraie la plupart du temps… On se demande si la réalité va correspondre avec l’image que l’on s’est formée dans sa petite tête, bien à l’abri derrière son écran. Se rencontrer devient alors une mise en danger… Qu’est-ce qui va pouvoir garantir que cette entente, cette bonne humeur, va se concrétiser dans la vie réelle ? Rien.
Car, il faut bien le dire, il existe deux sortes d’internautes accrocs aux commentaires. Il y a d’une part les « natures » ; Qu’ils soient exubérants ou réservés, ces personnes sont les mêmes dans la VTJ (Vie de Tous les Jours) qu’ils le sont sur le net. Ils sont rares. Très rares. Et puis il y a ceux, l’immense majorité, qui utilisent le net comme un moyen de « vivre » autrement que dans la VTJ. Timides ou extravertis, ces internautes vont s’exprimer différemment, voir a contrario, de ce qu’ils sont réellement.
Alors, je ne vais vous révéler qui est quoi, ou qui dit quoi, ça n’a pas d’intérêt. D’ailleurs vous ne trouverez aucun pseudo ou prénom dans ce texte. Mais je peux vous assurer que l’on a parfois de jolies surprises ! Unetelle, mordante et sarcastique se révèle être une personne timide, une autre plus réservée est en fait un bout en train de première…
Entendons-nous bien, il ne s’agit là nullement de supercherie, encore moins de mensonge. C’est juste un élément supplémentaire qu’il faut rajouter à la complexité humaine. Ce n’est ni bien, ni mal. C’est comme ça, c’est humain ; Un point c’est tout.
Et pour le coup, je peux vous assurer que ce week-end fut plein d’humanité.

On s’est donc retrouvé. D’abord par petits groupes de deux ou trois qui ont chacun pris la route vers la belle confédération helvétique… Ah, au fait ! Le CH des voitures suisses, ça veut dire Confédération Helvétique et pas Constructeur d’Horloges… Non, je précise au cas où…
Dès le vendredi soir nous étions déjà quatre. Puis dans la nuit, deux autres se sont pointés… Le lendemain encore deux autres… Finalement, le samedi après-midi, le quorum fut rempli. Nous avons fait honneur à la vigne à Farinet et à la légende. Nous avons fait honneur au vin Valaisan… Pas tant que ça finalement… En y repensant, je me dis qu’on a été plutôt sage dans la consommation, même si quelques belles et bonnes bouteilles ont quand même été vidées ! Et puis nous avons parlé. Parlé, parlé, parlé… De tout et de rien. De nos vies respectives, de nos boulots (ou pas), de nos familles… Je crois que l’on racontait sa vie un peu comme si chacun essayait de voir jusqu’où l’affinité commune pouvait aller… Je veux dire que des mois de commentaires avaient créé quelque-chose, certes, mais nous cherchions à voir si ce quelque-chose était bien réel et jusqu’à quel point il était durable.
Personnellement, j’ai vécu un moment rare. Un de ces moments d’entente et de fraternité plein de rires et de confiance. Un de ces moments que je ne suis pas prêt d’oublier.
Bien vite, trop vite, ce fut dimanche, et il a bien fallut que l’on songe à s’en retourner chez soi… Mais pas tout de suite ! Oh non… On a fait en sorte de ne pas penser au retour de toute la journée. Ce n’est qu’en fin d’après-midi que les premiers prirent la route… Comme ça, brutalement, sans en passer par des adieux interminables propices aux émotions débordantes… On a bien fait, je crois. Car je sais bien que pour ma part, j’y serais probablement allé de ma petite larme ! Et puis ce n’est pas comme si l’on se quittait pour de vrai ! Nous savions que dès le lendemain, nous nous retrouverions sur le net, riches d’une expérience supplémentaire.

Alors que la technologie balbutiait encore, je me rappelle qu’on se demandait quelle était la réalité des relations via internet. Certains y voyaient (et y voient encore !) comme une échappatoire à la vie réelle. On craignait l’isolement de l’internaute face aux réalités concrètes. Et bien, je peux vous dire qu’il n’en n’est rien. Le net peut être un créateur de lien social. Et pas de ces liens éphémères et sans consistance, je parle d’amitié sincère et durable.
Pendant quelques heures, quelques jours, nous avons vécu une parenthèse dans nos vies. Une parenthèse magnifique et réelle. Un de ces moments qui rend la vie belle et riche.
Nous en sommes ressortis avec la ferme intention de renouveler l’expérience. Peut-être pas dans un an, mais plus tôt ! Ça se fera peut-être encore à Saillon ou peut-être pas. Mais ce qui est certain, c’est que la prochaine fois nous seront plus nombreux, et ça durera beaucoup plus longtemps qu’un week-end !

Pour finir, je voudrais quand même préciser que le site dont je parle, c’est bien sûr La TéléLibre.fr ! Que John-Paul Lepers soit ici remercié d’avoir contribué à cette merveilleuse rencontre. Merci JPL ! Tu peux être sûr que nous avons porté des toasts en ton honneur !
Et pour ce qui est des participants… Allez ! Je vous donne un indice : La plupart de ces personnes laissent volontiers des commentaires sur ce blog…

PS : Les photos ont été prises par votre serviteur lors de ce week-end. L’automne, dans le Valais, c’est vraiment magnifique…