Je voulais vous dire…


Un blog qui parle de politique, de social, d'environnement... De la vie quoi!


samedi 29 mai 2010

Ma retraite, je m’en bats l’œil, et les français aussi apparemment...

J’ai un aveu à vous faire, je n’arrive pas à m’intéresser à la réforme des retraites...
Enfin, je n’arrive pas à m’y intéresser comme il faudrait que je m’y intéresse, si j’étais le blogueur politique que certains pensent que je suis. (Rassurez-vous ils sont très peu !) Et ça, croyez-le ou pas, ça m’emmerde...

Ca m’emmerde parce que je ne peux me défaire de cette bonne vieille culpabilité judéo-chrétienne qui susurre à l’oreille de mon cerveau que je devrais m’intéresser à l’avenir de mes concitoyens...

Oui mais voilà. Le fait est que je m’en tape royalement.

Et pourquoi donc ? Me demanderiez-vous si vous aviez la moindre envie de me voire étayer cette constatation.

Et bien tout simplement parce qu’en ce qui me concerne, cela fait longtemps que dans mon esprit je sais que je n’aurais jamais droit à une retraite. C’est aussi bête, et égoïste que ça. Par conséquent, et comme je ne me sens pas concerné, et bien je m’en bats l’œil.

Ah il est beau le Gwen avec sa conscience politique rebelle ! Il est beau le pourfendeur candide des injustices crasses ! Il est beau le petit révolutionnaire de pacotille !
Môsieur ne se sens pas concerné par un sujet, alors il est incapable de s’en indigner pour autant ? Fumiste va !

Ouais bon, ça va... Au lieu de me gueuler dessus, vous feriez peut-être mieux de vous demander d’où peut bien me venir cette indifférence... Cela serait un poil plus constructif vous ne croyez pas ?

Et bien si vous voulez savoir, je crois que je me suis fait à cette idée depuis un petit moment déjà... Un peu comme une intuition qui tout doucement s’impose à votre esprit comme une évidence : Etant donné ce que je suis, la vie que j’ai eu et celle que j’aurais très probablement, jamais je ne travaillerais suffisamment pour en bénéficier.

Rendez-vous compte. Pour espérer avoir un jour une retraite à taux plein (quelle qu’elle soit), et pour peu que je recommence à bosser dès demain matin, il me faudra un peu plus d’une trentaine d’années pour en bénéficier.
C'est-à-dire que je pourrais enfin « profiter » de mon dur labeur quand j’aurais atteint l’âge canonique de 73 !

Je ne sais pas pour vous, mais la perspective de bosser pendant encore trente années, ça me déprime. C’est quelque chose que je n’envisage même pas tellement ça me fout les jetons d’y penser... Même pas en rêve !

En fait, si je réfléchis deux secondes, c’est le concept tout entier de la retraite qui me pose problème... Comme beaucoup, j’espère, je n’entrevois pas la retraite comme une finalité. Je veux dire par là que bosser mon cotât d’annuités dans le but d’avoir, plus tard, une petite vie pépère, c’est quelque chose que je n’arrive pas à concevoir. Je trouve ça limite mesquin pour tout vous dire.

La vie pépère, autant essayer de l’avoir tout de suite.

Cela me fait penser à tous ces blaireaux (pardon pour les blaireaux), qui se font chier à longueur de semaine dans les embouteillages et à leur boulot, dans l’espoir de profiter vraiment de la vie uniquement pendant les weekends et les congés payés...
Oui, c’est ce que je disais : C’est mesquin et déprimant.

De plus, d’un point de vue purement comptable ça n’a pas de sens.
En effet, avec la vie qui a été la mienne jusqu’à présent, et étant donné les statistiques médicales, je doute fortement d’atteindre un jour cet âge. Donc, me faire chier à supporter un boulot pour ne pas, ou peu, profiter des avantages de la retraite, n’a franchement aucun intérêt logique.

Alors vous me direz que je n’ai qu’à trouver un boulot qui ne me fasse pas chier, qui me rende heureux, là maintenant tout de suite, et tout ira bien dans le meilleur des mondes. C’est pas faux. Et j’ajouterais même que c’est bien comme ça que j’envisage le travail. Mais franchement, vous en connaissez beaucoup des personnes qui s’éclatent dans leur boulot ? Hein ?

Moi si, j’en connais une. Et manque de bol, elle est à la retraite...

Blague à part, il y a peut-être une autre raison pour laquelle ma retraite ne me préoccupe pas plus que ça. C’est qu’en France, pour l’instant, il existe un truc qui s’appelle l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA). Soit actuellement une somme de 677,13 € par mois.
Ce n’est pas grand-chose, et même pour certains ce peut être tout à fait insuffisant, mais je sais qu’à moi cela me suffira.

J’ai été pauvre tout ma vie d’adulte, et je serais pauvre pendant ma vieillesse. C’est ainsi. Et franchement cela ne me dérange pas plus que ça... J’ai appris à faire avec comme on dit. J’ai peu de besoins, je consomme peu, et je n’ai absolument aucune ambition... Sauf celle d’être heureux et de profiter autant que je le peu de ce que m’offre la vie.

Bon, ça c’est en ce qui me concerne et ma conception toute particulière de la vie. Mais les autres alors ? Tous mes concitoyens auraient-ils atteint le même je-m’en-foutisme détachement que moi pour se désintéresser autant du problème ?

Permettez-moi d’en doutez.

Alors qu’est-ce qu’ils foutent bordel à queue ! Qu’est-ce qu’ils attendent pour préserver les droits durement acquis par leurs ainés ? On dirait qu’ils sont... résignés. Oui, c’est ça, résignés, impuissants... Comme s’ils avaient soudain accepté le fait qu’ils ne pouvaient rien y faire...

Le copain Corto l’a parfaitement décrit dans son article (pour un type de droite je veux dire), et d’ailleurs j’ai presque envie de faire mienne sa dernière phrase : « Parce que finalement, qui ne dit mot consent, non ? Alors, en guise de mobilisation générale, on est plutôt dans un contexte de consentement général ou apathique: chacun fait ce qu'il peut et faites pas chier ! »

C’est déprimant de lire des trucs pareils, hein ? Surtout quand on pense que c’est très certainement vrai.

Depuis des années on reproche aux syndicats de ne plus être dans le combat mais dans le consensus. Depuis des années on trouve que les Thibault, Mailly, Chérèque et compagnie s’éloignent des préoccupations de la base. Et le jour où justement c’est à la base de montrer sa présence et son engagement, il n’y a plus personne...

Franchement, des fois je me demande si tout ça vaut la peine.

PS : Par souci d’honnêteté, je précise que j’ai écris ce billet en essayant de faire abstraction de mon futur mode de vie.