Je voulais vous dire…


Un blog qui parle de politique, de social, d'environnement... De la vie quoi!


jeudi 11 février 2010

La photo de la semaine

Ça a commencé vers midi...

















Et a 17h00, ça a donné ça !

















Deux fois dans le même hiver, on n’est plus dans la rareté, on est dans l’exceptionnel !

Vers une criminalisation du colonialisme français ?

Bon, aujourd’hui j’ai un peu de temps, je vais donc pouvoir m’atteler à cet article que je remets sans cesse depuis le début de la semaine… C’est bien joli d’essayer d’être sur le coup, de rebondir sur l’actualité quitte à pondre une bouse, mais à un moment il faut bien lâcher la pédale d’accélérateur et revenir à une allure plus modérée… Pour ne pas dire plus réfléchie.

Voilà, j’ai fait mon autocritique, prenez-la pour ce qu’elle vaut et venons en donc à ce qui m’amène en ce jeudi pluvieux de chez pluvieux.

Le weekend dernier, j’ai eu le bonheur de lire un des trop rares articles de Rosée Matinale. Il s’agit d’un très beau texte sur le passé et la transmission des souvenirs. Ça nous parle de la façon dont ceux-ci se baladent d’une génération à l’autre, en empruntant tout un tas de chemin aussi divers que la simple voix, ou les contours jaunis d’une vielle carte postale…
Bref, le sujet m’aillant plu, j’y ai laissé un commentaire plutôt personnel, qui a eut le mérite de réveiller en moi quelques souvenirs, mais aussi quelques regrets.

Les souvenirs, ce sont ceux de mon enfance, lorsque j’aidais ma grand-mère à préparer le couscous dominical et que parfois elle se laissait aller à raconter quelques épisodes de son passé… Et les regrets, ce sont ceux de ne pas avoir à l’époque porté autant d’attention qu’il aurait fallu à ses paroles. J’étais trop jeune sans doute, pas assez à l’écoute et un peu égocentrique comme le sont la plupart des adolescents. Mais bon, le fait est que je me retrouve quadra (comme on dit pudiquement), et je ne sais finalement pas grand-chose de la vie de mes grands-parents. Et bien sûr, maintenant qu’ils sont morts depuis presque vingt ans, il est bien trop tard pour rattraper le coup…

Elle ne causait pas beaucoup ma grand-mère, et mon grand-père encore moins, ce qui fait que j’ai d’autant plus de regrets de n’avoir pas su capter cette parole trop rare. Mais le principal sujet qu’elle abordait volontiers lorsqu’elle se décidait à ouvrir la bouche, concernait la vie d’avant… La vie d’avant 1962, date ou toute ma famille du côté de ma mère a du quitter le Maroc pour se retrouver dans ce pays inconnu et froid qui était pourtant le leur.

Vous l’avez deviné, de par mon côté maternel, je suis issu de deux générations de pieds-noirs.
Bon, je ne vais pas vous raconter par le menu les péripéties familiales qui ont amenées à se retour vers la France, mais sachez cependant que ce retour est resté comme une plaie béante qui ne s’est jamais refermée. Et ce, malgré les trente années qui suivirent.

Pourquoi donc est-ce que je vous parle de ça ? Et bien parce qu’en Algérie des parlementaires issus de toutes les tendances politiques viennent de déposer un projet de loi visant à criminaliser la colonisation française. Et que cette loi si elle est votée, et si elle est jugée conforme au droit international, aboutira nécessairement à des procès et (surtout) à des réparations financières.

Alors bien sûr on n’en n’est pas encore là. Mais j’ai le sombre pressentiment que dans un avenir plus ou moins proche, le débat sur le passé colonial de notre pays va se rouvrir et sans doute pas dans les meilleures conditions. En effet, dans le climat actuel qui est celui de notre pays, où il est possible via un pseudo débat sur l’identité nationale de tenir des positions et des propos qui jusqu’alors étaient tus car considérés comme xénophobes et racistes, je pense que de reparler de cette période est quelque peu prématuré…
Je ne dis pas qu’il ne faut pas le faire, je dis simplement que ce n’est peut-être pas le meilleur moment.

D’ailleurs qu’est-ce que seront ces crimes coloniaux que cette loi doit encore définir ? On ne le sait pas. Cela concernera t’il la totalité de la période concernée (près d’un siècle) et considérera donc l’acte de colonisation comme un crime en lui-même ? Ou bien la criminalisation ne concernera que les crimes effectués pendant la guerre d’indépendance ? Encore une fois il est trop tôt pour le dire.

En tout état de cause, cela ne se passera pas bien. Déjà, à l’annonce du dépôt de ce projet de loi, les relations entre la France et l’Algérie qui n’étaient pas au mieux se sont tendues encore plus. Une convention de partenariat franco-algérienne qui devait être signée aujourd’hui a été reportée sans autre forme de procès.

La position de Nicolas Sarkozy concernant le passé colonial de la France est connue. Pour lui, le système colonial est « injuste par nature », mais il n’est pas question de s’enliser dans une « repentance » excessive car il s’agirait qu’un « dénigrement » de son pays… J’imagine donc que la réaction de la France, si jamais ce projet aboutissait, serait comment dire… Peu coopérative.

Comme vous l’avez pu lire, mon histoire familiale est pleine de cette période historique. Mon enfance, mon éducation, une partie de ma personnalité même, sont directement issues de cette colonisation… Aussi, je dois bien vous l’avouer, je suis assez partagé en ce qui concerne cette histoire de criminalisation du colonialisme français…
J’ai du mal à considérer que ce qu’ont pu faire ma mère, mes grands-parents, mes arrières grands parents, soit un crime.
J’ai même du mal à considérer que ce que la France a pu faire, compte tenu de la situation historique, soit un crime.
Que les crimes perpétués pendant les guerres d’indépendance, algérienne et autres, soient enfin jugés et punis, ça oui. Mais remettre en question l’acte même de colonialisme, je ne suis pas sûr que cela ait vraiment un sens. Au regard de l’Histoire je veux dire.

Et puis même si cela devait absolument se faire, sans doute est-il trop tôt pour ça. Comme je vous l’ai dis, cet aspect de l’histoire reste une plaie béante dans le cœur des pieds-noirs… Comme j’imagine elle doit l’être aussi dans celui des algériens, des tunisiens, des marocains et de tous les autres.

Souvent, dans ma tête, je revois ma grand-mère égrener la semoule, les mains luisantes de beurre. Je me souviens qu’elle me racontait la vie qu’elle menait à Casa, la vie de son quartier et celle de ses amies… Je me souviens que de temps en temps un mot en arabe surgissait à l’improviste et que ça allait vachement bien avec son accent de là-bas... Et je me souviens aussi des trémolos qui soudain s’emparaient de sa voix et des larmes qui pointaient aux coins de ses yeux… Et là, je me dis que ma grand-mère était une femme formidable, et que ce n’était certainement pas une criminelle.