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mercredi 11 novembre 2009

Les délires d’Eric Raoult, ou la montée d’un fascisme ordinaire

J’avais plus ou moins décidé de faire l’impasse sur le sujet tant l’affaire me paraissait ridicule, comme ça au premier coup d’œil, et puis… Finalement non.
En fait, c’est en lisant ce matin l’article d'Humeurs de Gauche sur le sujet, que je me suis dit qu’il fallait que je participe moi aussi au tollé, et même que j’en rajoute une couche si besoin était.

Je veux parler bien sûr de cette déclaration immonde d’Éric Raoult, député de la Seine-Saint-Denis et accessoirement diplômé de l’Institut Français de Presse.

Pour ce qui est du rappel des faits, reportez-vous au texte de GdC. Comme ça, moi ça me fait gagner du temps, et en plus je doute de pouvoir faire mieux…
Donc, pour monsieur Raoult, les écrivains récompensés (ici Marie Ddiaye), devraient s’en tenir à ce qu’il appelle « un devoir de réserve » et éviter de critiquer son propre pays dans les médias… Le texte exact de sa protestation auprès du ministre de la culture étant :

« Monsieur Éric Raoult attire l’attention de M. le ministre de la Culture et de la Communication sur le devoir de réserve, dû aux lauréats du Prix Goncourt.
En effet, ce prix qui est le prix littéraire français le plus prestigieux est regardé en France, mais aussi dans le monde, par de nombreux auteurs et amateurs de la littérature française.
A ce titre, le message délivré par les lauréats se doit de respecter la cohésion nationale et l’image de notre pays. »
« Le droit d’expression ne peut pas devenir un droit à l’insulte »

Il y aurait énormément à dire en reprenant point par point la déclaration de ce monsieur, notamment en ce qui concerne le devoir de réserve qui n’a aucune réelle existence juridique dans notre pays pour les civils. Mais une analyse de texte serait déjà trop d’honneur pour de tels propos.
On pourrait d’ailleurs aussi traiter par le dédain une telle demande et ne lui apporter aucune attention… Le ridicule ne méritant pas le temps qu’on perd à le dénoncer.

Pour ma part, je pense que ce que monsieur Raoult à déclarer est certes ridicule et complètement déplacé, mais aussi très grave.
C’est très grave car c’est la parfaite expression du totalitarisme intellectuel. Et le fait que cette opinion soit émise par un type qui a fait des études de journalisme me laisse perplexe…

A mon sens, il ne faut pas prendre à la légère de tels propos et y voir un énième coup de sonde à destination de l’opinion public. En effet, le gouvernement de Sarkozy nous a habitués depuis son avènement à ce genre de pratique qui consiste à balancer une bonne grosse bombe médiatique histoire de voir comment le peuple réagit. Si la réaction est trop forte, on recule aussitôt. Si le message passe, on va plus avant… C’est classique depuis 2007, et en plus ça marche.

Donc, je pense qu’il ne s’agit pas là des délires mégalomaniaques d’un gros nul comme le dit GdC, mais bel et bien d’une tentative de corruption d’une de nos valeurs les plus sacrées. A savoir la liberté d’expression.

Si nous laissons passer une telle chose, vous verrez que la suite ne tardera pas à nous tomber sur la gueule. A commencer par nous, blogueurs et commentateurs de la vie politique de notre pays.

Ce genre de déclaration, ce n’est ni plus ni moins que du fascisme. C’est l’expression d’un désir de voir se taire toute forme de contestation au profit d’une pensée unique. Et si vous ramenez les propos de monsieur Raoult dans le contexte du débat sur l’identité nationale actuellement en cours, ils prennent alors tout leur sens… Ils nous dessinent une France merveilleusement unanime derrière son chef. Une France aseptisée. Une France fasciste.

Et en ce qui me concerne, une France morte.

Alors, quitte à me mettre en délicatesse avec la loi, je vais rajouter une couche par rapport à ce que disait mon collègue : Éric Raoult n’est pas un gros nul, c’est un gros fasciste nul.