Je voulais vous dire…


Un blog qui parle de politique, de social, d'environnement... De la vie quoi!


jeudi 4 mars 2010

Les tempêtes ne s’achètent pas

Sous la bannière qui flotte au dessus de ce blog est inscrit qu’ici l’on parle de politique, de social ET d’environnement.
En ce qui concerne le politique, je crois que vous êtes plutôt servis dans ce domaine. Le social itou, because si l’on cause de politique, le social n’est forcément pas loin. Et l’environnement me direz-vous ?
Et bien c’est vrai que je n’en parle pas souvent… Je ne sais pas trop pourquoi d’ailleurs. Peut-être est-ce parce que je considère l’environnement comme une chose sérieuse et que l’humeur de ce blog ne s’y prête guère… Ou alors c’est peut-être que pour moi, lorsqu’on parle de politique et de social, on parle forcément aussi d’environnement. Et inversement. Tout est dans tout et réciproquement comme disait le grand Pierre Dac…

Mais bon, aujourd’hui je vais me rattraper et vous parler plus spécifiquement d’environnement, et vous dire deux mots sur la tempête qui a frappé notre pays le weekend dernier, et répond au doux nom de Xinthia.

A quoi avons-nous eu à faire exactement ? Une tempête hivernale comme il en arrive tous les hivers (c’est bien pour ça qu’on l’appelle hivernale !), combinée à un coefficient de marée assez fort.
Les deux choses prisent indépendamment sont d’ordinaire assez jolies à voir et sans grand danger, mais lorsqu’elles se combinent on obtient alors ce que les habitants de la côté atlantique ont connu, à savoir un petit air de fin du monde.

Vous aurez noté qu’aucun de ces deux phénomènes n’est imprévisible. Le cycle des marées est réglé comme une horloge atomique franc-comtoise, et les dépressions comme Xinthia sont tellement grosses qu’on peut les apercevoir sur les radars une semaine à l’avance.
D’où forcément la question qui tue. Sachant cela, comment ce fait-il que nous en soyons à 59 morts ?
Hein ?

Déjà, je tiens à préciser qu’il est complètement inopportun de dire que c’est la faute à la tempête, comme je l’ai entendu dans les médias. Mais bon, ça j’y reviendrais.

La réponse est plus simple, et c’est : La connerie humaine.
Ok, maintenant qu’on a dit ça, on peut poser la question subsidiaire : Oui d’accord, mais la connerie de qui ?
Parce qu’on ne va se contenter de dire que c’est la faute à l’humanité (Bouh, qu’elle est méchante l’humanité !). On peut certainement être un poil plus précis.
Alors, des gens sont morts. J’imagine que parmi eux, quelques-uns le sont à cause de leur propre connerie. Ils n’ont pas cru, ou voulu croire, aux avertissements des autorités ou bien se sont considéré au dessus des éléments. Ou encore, ils ont jugé que le fait d’abandonner temporairement leurs biens était un trop grand sacrifice et ont préféré jouer à la roulette russe.
Ceux-là, ma foi, j’aurais envie de dire que c’est tant pis pour eux, et la prochaine fois ils arrêteront de péter plus haut que leur cul. Sauf qu’en l’occurrence il n’y aura pas de prochaine fois pour eux.
Ensuite, il y a ceux qui se sont cru à l’abri parce qu’on leur a assuré qu’ils l’étaient.

Indépendamment d’un manque flagrant de jugeote, cela peut se concevoir. C’est le cas par exemple des habitants d’un lotissement construit en deçà d’une digue vieille de 150 ans et qui ont gobé le fait que qu’un terrain jugé inconstructible dix ans auparavant pouvait comme par miracle se retrouver viable sans qu’il n’y ait eu d’aménagements supplémentaires.
Comme je l’ai dit, un minimum de jugeote aurait pu éviter de nombreux drames… Si des digues ont été construites il y a un siècle, c’était pour une bonne raison. Les terres qu’elles protégeaient étaient potentiellement inondables, mais comme il s’agissait de terres destinées à la culture et à l’élevage, le jeu en valait la chandelle. Les gens de l’époque savaient très bien qu’à tout moment la toute puissance de Poséidon pouvait décider de reprendre ce que l’être humain lui avait emprunté, et c’est bien pour ça qu’ils se gardaient bien d’y habiter.

Mais bon, la dépression agricole combinée à la pression immobilière a incité la population à perdre la mémoire des lieux. Des individus sans scrupules (promoteurs cupides de mèche avec des politiciens à la recherche d’un électorat), ont abusé du manque de jugeote du cadre moyen, trop heureux de se voir offrir son petit bout de rêve balnéaire…

Tous les spécialistes en environnement vous le diront, une digue c’est de l’aléatoire. Elle va vous protéger neuf fois sur dix, mais à la dixième elle vous pétera à la gueule histoire de vous rappeler qu’on ne joue pas impunément avec mère nature.

Moi ce qui m’énerve (oui, là je suis énervé même si ça ne se voit pas), c’est le discours des politiciens qui lorsqu’on les interroge sur d’éventuelles responsabilités humaines, se contente de déplorer la perte de vies humaines et de rappeler combien celles-ci sont fragiles face aux éléments. Oui, ce genre de truc ça m’énerve vraiment.
Comme si Dieu lui-même avait pointé son gros doigt vengeur sur la Charente Maritime et décidé de faire des ronds dans l’eau. Circulez, y-a rien à voir, on peut rien y faire, c’est ainsi…
Tu parles Charles ! C’est trop facile !

Alors bien sûr le Président Glorieusement Elu, lui ne peut pas se contenter de parler de fatalité. C’est son boulot de dire que toute la lumière doit être faite sur cette catastrophe et de chercher des responsables. C’est ce que le peuple attend de lui.
Mais vous aurez noté que les autres, les ministres, les députés, les maires, eux se gardent bien de se précipiter à la poursuite des méchants. Cela remettrait en cause bien trop de choses comme par exemple les plans d’urbanisme, ou encore les Plans de prévention des risques naturels prévisibles (PPR) qui comme par hasard deviennent de moins en moins stricts.
C’est vrai quoi, on ne va pas se laisser empêcher de faire des affaire par ces connards d’écologistes catastrophistes qui nous font chier avec leur risques à la con ! Comprennent rien au pragmatisme économique ces bobos !

A ce propos, Sarkofrance nous rappelle fort justement qu’en avril 2009 ce cher Nicolas Sarkozy déclarait :

«Le problème c’est la réglementation. Pour libérer l’offre il faut déréglementer, élever les coefficients d’occupation des sols et rétablir la continuité́ du bâti dans les zones denses, permettre à chaque propriétaire d’une maison individuelle de s’agrandir, d’ajouter une pièce ou un étage, rendre constructible les zones inondables pour des bâtiments adaptés à l’environnement et au risque, utiliser les interstices, les délaissés d’infrastructures... Il faut changer nos procédures, notre façon d’appliquer le droit, sortir du respect passif d’une réglementation de plus en plus pesante, non pour laisser le champ libre au marché mais pour que la ville vive, respire, évolue, se développe en respectant des règles fortes, compréhensibles, efficaces, écologiques. J’ai demandé que soit conduite une réflexion approfondie sur ce changement de philosophie de notre droit de l’urbanisme.»

Notre droit à l’urbanisme… Notre droit de faire du pognon oui !

Ce weekend dernier des gens sont morts pour une seule et unique raison : Le fric. Ils sont morts pour le profit de quelques-uns. Ils sont morts parce qu’ils ont crus les mensonges qu’on leur disait. Ce qui m’amène à dire que s’ils avaient eu un tant soit peu de jugeote et de conscience politique, ils ne seraient peut-être pas tous aussi morts…

Pour conclure, Xinthia nous aura appris une chose. Elle nous aura appris que les tempêtes, elles, ne s’achètent pas.