Je voulais vous dire…


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mardi 12 janvier 2010

Sarkozy veut la peau de la Recherche Française…

Bien ! Continuons donc, si vous le voulez bien la tournée des vœux présidentiels, et rendons-nous à… Saclay. Saclay… J’sais même pas où c’est dis-donc ! Ah oui ! Sud-ouest de Paris…
Ok, cette fois-ci ça se passait donc à Saclay, et il s’agissait des vœux au monde de l’éducation et de la recherche.

Éducation et recherche, oui, les deux ensembles. Je sais, ça peut paraitre bizarre mais dans l’esprit du Président, les deux vont ensembles. Savoir, transmission du savoir… Je peux à la rigueur comprendre, d’autant que comme vous le verrez cet amalgame n’est pas anodin étant donné les objectifs annoncés pour cette année…

Bien sûr, avant de commencer et étant donné les événements récents, on a eut droit à l’habituel « instant émotion » concernant le décès de ce gamin la semaine dernière. Je ne m’appesantirais pas là-dessus tant vous savez bien que j’abomine l’utilisation politique des faits divers, méthode oh combien utilisée par notre Nano-président. Mais bon, je dois quand même avouer à sa décharge qu’il n’en n’a pas abusé, se contentant du strict minimum. On dirait d’ailleurs qu’il s’est un peu calmé sur le sujet, car il faut un temps ou il se serait servit de la mort de ce jeune pour justifier l’envoie de l’armée dans les coures de récrés… Ah non, excusez-moi, je confonds… L’armée c’est plutôt le truc de Ségolène Royal. (Et toc !).

Tout le discours pourrait se résumer en un mot : Excellence. C’est ça qu’il veut notre Président, l’excellence. Il en veut tellement qu’il a prononcé ce mot douze fois ! (oui, j’ai compté.). Excellence par ci, excellence par là, pour lui l’école doit servir à former et recruter des élites, un point c’est tout. Je n’ai pas compté le nombre de fois ou il a prononcé le mot « élite », mais on dirait bien que l’élitisme est quelque chose qui tarabuste cet homme… Allez savoir pourquoi !

Concernant les enseignants, l’annonce principale est l’officialisation du recrutement à Bac + 5, avec, il l’a promis, une revalorisation « significative » des salaires en début de carrière.
J’ai envie de dire, parce que j’ai un mauvais esprit, qu’il ne pouvait décemment pas faire autrement… Il y a des lois qui régissent le recrutement à la fonction publique et la grille des salaires et déjà fonction du diplôme exigible. Donc, il s’agit là d’une annonce pour rien puisque de toute façon les enseignants recrutés à Bac + 5 toucheront forcément plus que ceux recrutés au niveau actuel.

Ensuite, après une sonnerie intempestive de son téléphone, Sarkozy a voulu donné son sentiment sur la polémique qui a suivit la publication d’un communiqué des directeurs des principales Grandes Écoles, opposés à l’ouverture de leur recrutement à plus d’étudiants boursiers. C’est bien simple, il ne comprend même pas que cela soit le sujet d’un débat. Pour lui, si Richard Descoings l’a fait pour Science-Po, tout le monde doit le faire aussi. Point barre.
Sauf que l’expérience américaine nous prouve qu’ouvrir le recrutement des hauts-lieux de la connaissance aux plus défavorisés, n’est pas forcément une bonne chose… Mais bon j’y reviendrais dans un prochain article, tant le sujet est complexe et demanderait autre chose qu’un simple commentaire lapidaire.

Le plat de résistance concernait les chercheurs-enseignants des universités… Et oui, c’est là qu’on va comprendre pourquoi il tenait tant à les mettre dans le même panier que les instits et les profs de collège !

Dans son esprit malade, la mise en place de l’autonomie des universités est une réussite. D’ailleurs il ose même poser la question de savoir qui, un an après, voudrait revenir en arrière ! Mais bon, comme c’est une question qu’il se pose à lui-même, il s’autorise donc à y répondre : Et selon lui, la réponse est « personne ». Et comme cette réponse semble le satisfaire, il annonce alors qu’après avoir ouvert les conseils d’administration à des « personnes extérieures », il souhaiterait maintenant allez plus loin et leur donner le pouvoir d’élire les présidents d’université. Oui, vous avez bien lu, non content d’avoir introduit les entreprises au sein des facs, il voudrait que celles-ci puissent y placer des Présidents à leur solde. Je vous laisse imaginer les conséquences, et l’avenir funeste auquel cela nous prépare…

Choix du président d’université, choix des secteurs de recherche à privilégier, tout cela nous amène donc directement à une réorientation « pragmatique » de la recherche, et plus particulièrement de la recherche fondamentale.

Et c’est là que la foudre s’abat alors sur la cible du jour, à savoir ce qu’il nomme frileusement « certains organismes de recherche ». Entendez par là le Cnrs, l’Inserm, l’Inra etc.

Après avoir flatté et félicité « les illustres organismes » pour leurs multiples et constantes réussites, et après avoir rappelé que « La recherche fondamentale est la base de toute innovation technologique », il annonce que ceux-ci vont devoir se réformer… Il vont devoir se mettre à la page et se concentrer sur les transferts de technologies aux industries et se mettre au service des intérêts économiques de la Nation !

En clair, ça veut dire : « Messieurs les chercheurs, vous allez arrêter de perdre votre temps dans des domaines qui n’intéressent personne, et vous concentrer sur ce qui peut rapporter de l’argent ». Voilà ce que ça veut dire.

Là aussi, le problème est bien plus complexe que je n’ai le temps de vous en dire aujourd’hui.
Pour faire simple, je vous dirais que si justement notre système de recherche national fonctionne si bien, c’est justement parce que jusqu’à présent il était déconnecté du système économique. Pour qui s’y connait un tant soit peu en recherche scientifique pure, ceux-là savent très bien de quoi je parle… l’indépendance, et surtout l’indépendance face aux résultats, est la base de tout.

Déjà l’année dernière, les enseignants-chercheurs avaient tiré la sonnette d’alarme et dénoncé les visées de ce gouvernement concernant leur métier. A savoir, la privatisation des intérêts scientifiques. Cette année l’offensive est lancée…

Mes amis, il s’agit là d’un sujet important. Peut-être même le plus important qui soit puisqu’il nous parle de notre avenir et de l’avenir de nos enfants… Alors j’espère que vous vous mobiliserez comme il se doit pour empêcher coûte que coûte cette nouvelle destruction systématique de ce qui fait de notre système français, un système si particulier et dont nous pouvons être fiers…

En tous cas, comptez sur moi pour ne pas lâcher l’affaire et vous tenir informés des évolutions sur ce sujet particulier.