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samedi 9 août 2008

La police aux ordres de l’Elysée… Et de Pékin.

Ce matin, j’avais décidé de vous faire partager mes impressions sur la manif de RSF prévue hier après-midi. Interdite, puis autorisée, pour être finalement empêchée par la police… J’étais assez remonté, limite énervé. Mes doigts tremblotaient déjà d’excitation et mon cerveau avait emmagasiné suffisamment de petites remarques acerbes et revendicatrices pendant la nuit pour pouvoir étaler tout ça à vos pieds… Donc ce matin, après avoir relevé mes commentaires blogesques, je décide d’effectuer un tour des sites journalistiques pour récupérer des infos fraiches. Et là, c’est la consternation : Rien ! Rien sur cette manifestation, rien sur l’action de la police, rien… Le Figaro et le Monde n’en parlent pas. Libération se fend d’un mini article dans la rubrique sport. Le Parisien, pas un mot. 20Minutes.fr, silence radio. Metro, trois fois rien. L’Humanité, quedalle… Je suis d’abord étonné, puis peu à peu, au fur et à mesure que je fouille les sites, ma tension monte, mon pouls s’accélère et j’enrage de plus en plus. Pour trouver des informations sur les événements, je me rabats sur les chaînes info, I-Télé et BFM.TV. L’Express, le Nouvel Observateur et Le Point.fr sont les seuls sites où je peux trouver quelque chose à me mettre sous la dent…
Alors mes amis, puisque vous n’êtes pas près d’en savoir plus sur ce qui s’est passé à Paris dans l’après-midi d’hier, je vais remplacer ces médiats défaillants et vous conter l’ignominie de notre état policier.
Pendant la durée des Jeux Olympiques, Reporter Sans Frontière ne baisse pas les bras et continu son combat. Pour preuve, déjà dans la matinée (heure de Pékin), l’association avait réussi a pirater une bande FM pour diffuser pendant une vingtaine de minutes, un message d’information en anglais et en mandarin dénonçant le contrôle des médias, la censure et les innombrables prisonniers politiques. Joli coup, surtout quand on pense que cela a été fait avec des émetteurs miniatures et des cannes de marche en guise d’antennes ! La portée de cette action est probablement extrêmement limitée mais elle aura eut le mérite d’être la première émission de radio libre sur le sol chinois depuis 1949. C’est déjà ça.
En France, RSF avait prévu, juste avant la cérémonie d’ouverture des Jeux, une manifestation devant l’ambassade de Chine et mobilisé quelques 300 personnes. Comme je l’annonçais hier dans mes brèves (Oui, la colonne de droite, j’appelle ça mes brèves !) la préfecture de police avait interdit cette manifestation. Contrairement à d’autres villes dans le monde où le même type de défilé avait été autorisé, la France se distinguait encore une fois en jouant le jeu de la dictature chinoise. Appliquant les mêmes méthodes, la préfecture privait pour la première fois, l’association de son droit élémentaire de manifester. Qu’à cela ne tienne, RSF décide alors de se rabattre sur un autre lieu devenu hautement symbolique de la Présidence bling-bling : Le restaurant le Fouquet’s sur les Champs-Elysées. En même temps, RSF introduisait un recours devant le tribunal administratif pour voir se levé l’interdiction qui, en l’espèce, n’avait pas lieu d’être.
Alors que les manifestants s’étaient déjà rassemblés devant le restaurant, la nouvelle tombe. Le tribunal a rendu son jugement et lève l’interdiction. Tout à sa joie, le défilé se dirige donc vers l’ambassade de Chine, rejoint par une autre manif pro-tibétaine, en descendant (Ou, en la remontant, je sais pas comment vous dites les parigots !) l’avenue Georges V. Surprise ! La soldatesque est là, barrant le passage, faisant fi de la décision de justice. Rien n’y fera, ni les demandes répétées par haut-parleur ni les tentatives de contournement du dispositif policier. L’ambassade de Chine reste inaccessible, et elle le restera jusqu’à la fin de la manifestation.
Alors, que peu-on dire de tout ça. Outre le fait que la justice a peut-être encore quelque indépendance dans notre pays, il est flagrant que la police reste aux ordres de l’Elysée. Quoiqu’il puisse se passer le Président Sarkozy ne veut en aucun cas froisser ses hôtes et il le clame haut et fort : « On ne boycotte pas un quart de l’humanité » a-t-il dit. Sauf qu’il ne s’agit pas de ça. Il s’agit plutôt de mettre au ban de cette humanité, un régime dictatorial et liberticide, et de dénoncer une connivence économique hypocrite. Mais ça, il n’y capte rien notre petit dictateur français. Il a certainement dû s’extasier devant le spectacle de la cérémonie d’ouverture, glorifiant le bel ensemble des figurants/militaires. Louant l’image faussée d’un pays qui vit sous le joug. Il faut espérer qu’il n’en retirera pas la lubie de vouloir nous imposer ce genre de démonstration de propagande ! Car il ne faut pas se tromper. Les jeux olympiques sont pour la Chine une occasion unique de communiquer. Une double communication d’ailleurs. Premièrement, il s’agit de montrer à la face du monde que la Chine est toute puissante, conquérante, incontournable pour les années à venir. Deuxièmement, le message s’adresse aux chinois eux-mêmes. Depuis l’abandon tacite de l’idéologie marxiste-léniniste au profit d’un libéralisme débridé, la Chine se doit de trouver un nouveau leitmotiv pour contrôler ses masses populaire. Pour ce faire le gouvernement a choisit la voie du nationalisme exacerbé et nauséabond. Un peu comme la Russie d’ailleurs. Et comme la plupart du temps, ça marche.
Pour revenir sur le traitement médiatique navrant des événements d’hier, il est à noter une chose encore plus navrante. Si on lit attentivement les commentaires qui suivent le peu d’articles consacrés au sujet, on remarque un désintérêt croissant pour la cause des libertés individuelles. Ca et là, se ne sont que critiques sur la gesticulation de Robert Ménard, sur l’inutilité d’une telle lutte. Cela me désespère un peu de notre capacité à nous révolter et me rend inquiet pour notre avenir. Si nous commençons à tolérer les initiatives fascistes de la police, si nous acceptons que notre gouvernement soit complice d’une mascarade propagandiste, notre pays est foutu et court droit dans le mur. En tout cas, ce n’est pas comme ça que, moi, j’envisage l’avenir de mon pays.