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lundi 24 novembre 2008

Révolution, manipulation et interrogations...

Le 11 novembre dernier, alors que la Nation reconnaissante décorait quelques tommys (à défaut de nos poilus, épargnés par l’ypérite mais terrassés par l’âge) la police antiterroriste mettait la main sur les dangereux activistes responsables des attentats perpétués contre les lignes de la SNCF…
Ouf ! La France pouvait enfin reprendre sa respiration, douloureusement suspendue depuis que les trains se mettaient à arriver en retard alors que les gauchistes de la CGT ne faisaient même pas grève.
La nouvelle tomba comme une grosse pierre dans l’onde miroitante, il existait, tapie dans l’ombre, une ultra-gauche, mouvance anarcho-autonome, belle et bien décidée à terroriser notre beau pays.
Stupeur et consternation ! Les vieilles peurs estampillées seventies, patte d’éph’ et patchouli revenaient assaillir le bourgeois libéral déjà bien amoché par la crise financière.

La découverte d’un tel groupe stupéfia donc la ménagère et dopa les ventes du Figaro qui se mit à titrer à tout va sur l’enquête en cours. La personnalité marginale des suspects, la possibilité d’un réseau européen structuré… Bref, des titres bien accrocheurs susceptibles de faire baliser encore plus la ménagère précitée. La ministre de l’Intérieur, relayée en cela par le procureur Jean-Claude Marin, déclara alors estimer que la chienlit représentait quelques 300 personnes dûment fichées et surveillées par les services compétents (sic !).
Dans le genre « discours anxiogène », rien ne nous fut épargné, mais j’aime assez celui-là. On peut y lire notamment que les suspects étaient : «(…) en totale rupture de ban avec la société, vivaient en communauté. ». «Leur vie autarcique, qui n'avait aucune connotation sectaire, garantissait leur clandestinité», précise un policier. Embarqués dans un mode de vie altermondialiste, vivotant pour certains du négoce de produits agricoles, fuyant le regard des rares riverains qui les entouraient, ces apprentis terroristes de la gauche ultra présentaient un profil bien particulier. Âgés de 25 à 35 ans pour le plus âgé, ces nihilistes considérés comme «potentiellement très violents» étaient articulés autour d'un petit «noyau dur» d'activistes déjà fichés pour divers actes de violences et de dégradation. ».
Et de préciser ensuite qu’aucune de ces personnes ne travaillait… Et que deux d’entres eux avaient déjà été plus ou moins repérés lors de diverses manifestations altermondialistes à New-York, Gêne, et à Paris lors des manifs contre le CPE, diverses manifs étudiantes et dans des cortèges contre le fichier EDVIGE.
Brrrrr !!! Moi, quand je lis ça, j’ai peur !
C’est vrai quoi ! Vous vous rendez compte ? Dans un petit village de Corrèze, vit un groupe de hippies qui, puisqu’ils sont à l’écart des autres sont forcément dangereux. Des nihilistes, qu’ils sont ? Ca veut dire quoi au fait nihiliste ? On s’en fout, mais ça fait peur en tous cas ! Ils fuyaient le regard des gens, on vous dit ! En plus, ces fous dangereux, ils n’avaient même pas de téléphone portable, ni d’ordinateur ! C’est dingue ! Le pire, c’est qu’en plus ils ne travaillaient même pas ! Non mais on va où là ! Faut faire quelque chose, on est plus en sécurité chez nous !

Heureusement, quelques journalistes et la plupart des bloggeurs citoyens commencèrent vite à mettre en doute ce discours généreusement et abondamment dispensé par l’Etat et les média à sa solde. Trouvant un peu facile ces arrestations et un peu facile également l’argumentaire utilisé (Voir cet article de Daniel Schneidermann dans Libé). Certains commencèrent même des contre-enquêtes dans le but de tirer au clair ce qu’ils soupçonnaient d’être de la manipulation pure et simple.

Ils n’eurent pas à chercher bien loin… Non, il suffisait de se rendre à Tarnac, en Corrèze, et de poser des questions aux habitants pour vite se rendre compte que ces gens ne vivaient pas cachés. Bien au contraire, ils s’étaient investit dans la gestion d’une épicerie, la seule du village, ainsi que le comité des fêtes, et rendaient des services à l’ensemble de la population de ce petit village de 335 habitants.
Bien vite de nombreux comités de soutien se sont mis en place. J’en ai trouvé un, assez bien fait qui se nomme le Blog de L’ultra-gauche, créé au lendemain de l’arrestation des suspects… Allez-y voir, c’est intéressant.
Treize jours après l’arrestation de neuf de ces dangereux anarchistes, et l’incarcération de cinq d’entre eux sous les chefs d’inculpation d’ « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » et « dégradations en réunion sur des lignes ferroviaires dans une perspective d’action terroriste », l’affaire n’a pas avancée d’un pouce. Mieux, plus le temps passe, plus on commence à se rendre compte des incohérences qui règnent dans ce dossier.

Tout d’abord, contrairement à ce qui a été annoncé par tout le monde, il n’existe aucune, je dis bien aucune, preuves circonstancielles contre les personnes inculpées. Il n’y a rien, quedalle, zéro, niente… Le dossier est d’un vide intersidéral. Et encore dans le vide stellaire, il y a des corps qui se baladent… Mais là, c’est le désert.

Tous les indices prélevés au domicile des suspects ne sont en fait que des présomptions. On a parlé d’outils divers, de cartes des chemins de fer (ça s’appelle des horaires bande de nazes !), d’un crochet munis d’un embout isolant permettant de fixer les étriers maléfiques causeurs de rupture de caténaire. Sauf que ledit crochet ne fait pas cinq mètres de long comme il le devrait, mais moins d’un mètre… Les fameux étriers, sont des pièces en fer à béton soudées entre elles, on n’a retrouvé ni fer à béton, ni chalumeau… On a bien retrouvé une échelle et du matériel d’escalade… Mais bon, quoi de plus normal dans une ferme, occupée par des jeunes en pleine forme physique me direz-vous ?
Non, ce qu’il aurait fallu, c’est retrouver comme les Experts de Las Vegas, Miami et Manhattan réunis, le font tous les jours, des traces d’ADN, des empreintes… Mais non ! Rien de rien !

Par contre, oui, il faut bien l’admettre, on a retrouvé chez ces révolutionnaires bucoliques un livre intitulé « l’Insurrection qui vient » publié aux éditions de La Fabrique en mars 2007… Dans cet opuscule de 128 pages l’on peut trouver tout une argutie justifiant l’emploie de certaines « méthodes » dans le but de déstabiliser l’Etat moribond…
Mouais… Moi, j’ai à la maison un exemplaire de la bible et plusieurs manuels de maniement d’armes et d’explosifs, ainsi qu’un ouvrage sur la guérilla urbaine et cela ne fait pas de moi un dangereux intégriste religieux non plus… Il ne faut quand même pas exagérer.
Non, c’est clair, ces jeunes bobos ont le cerveau en marmelade à force de lire trop de livre. D’ailleurs c’est bien simple, tous les suspects sont des ultras… diplômés ! Doctorant en histoire et civilisation, masters en archéologie, sociologie, anglais… C’est évident, ces individus ont des tronches bien trop pleines pour pouvoir réfléchir correctement ! Voilà bien le résultat d’un enseignement noyauté depuis des années par les bolchéviques !

Non, mais faut arrêter là… On est en train de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Parce que si l’on va par là, tout le monde peut être un suspect. D’ailleurs, vous-même qui me lisez : Dites-moi ? Vous avez cliquez sur le lien que j’ai mis en surbrillance quant au livre « l’Insurrection qui vient » ? Vous l’avez fait ? Alors maintenant vous aussi vous êtes susceptibles de faire partie du profil type du terroriste anarcho-autonome ! Et si, comme moi, vous avez fait quelques études, que vous avez au fond de votre sac un horaire des bus, ou encore que, toujours comme moi, vous soyez allé à une manif récemment… Là vous êtes bons comme la romaine !
Sérieusement, je me demande si vous faites bien de me lire… On ne sait jamais où ça peut vous mener ce genre connexion.

Il faut vraiment que le gouvernement arrête de nous prendre pour des cons et tente de nous faire avaler des couleuvres grosses comme le poing. Car, pour moi, la démarche est évidente. Alors que le monde libéral s’écroule il est tout à fait commode de faire sortir du bois son antithèse. C’est un classique dans la guerre de l’information, on appelle ça un contre-feu. Cela permet de détourner l’attention, et de focaliser l’esprit du public sur un point prédéfini à l’avance.
Par contre, je ne nie pas qu’il existe un fort sentiment de révolte en France et en Europe ces temps-ci. J’en veux pour preuve la recrudescence des films retraçant la vie des héros révolutionnaires, réels ou supposés. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais ce genre de sujet est plutôt à la mode en ce moment… Que ce soit le film de Walter Salles sur la jeunesse du Che, Carnets de Voyage en 2004, les deux volets sur Mesrine ou encore le film qui vient de sortir sur la bande à Baader-Meinhof, l’heure est aux héros révolutionnaires et violents.
De tout temps, le cinéma a su être le miroir de notre époque. On peut donc dire que celui-ci reflète une période troublée où les incertitudes sur notre avenir, notre intime conviction des injustices qui nous entourent, le ras le bol d’une certaine forme de société cynique et pragmatique, génère un sentiment de lassitude propre à favoriser des actes de révolte.
Là oui, le gouvernement pourrait s’en inquiéter et vouloir remédier à cela, plutôt que de jouer le jeu de la terreur, et nous sortir d’un chapeau des révolutionnaires de pacotille.

Enfin, et j’en terminerai pour aujourd’hui, je ne pense pas que l’heure soit à la révolution. En tous cas, pas à la révolution armée et aux actes de sabotages. Pas encore. Une révolution, c’est avant tout une idée, un espoir qui se propage au sein du peuple et qui doit imprégner chacun de nous. Une révolution peut tout à fait être pacifique et renverser des gouvernements par la seule force de sa légitimité et par la détermination de ses participants.
Nul n’est besoin de faire dérailler des trains ou de tuer des policiers pour y arriver… Il suffit juste d’y croire et d’agir en son sens.